Un magistrat se paie les députés et flingue : les députés guineèns ne connaissent pas la constitution…

En Guinée, les lois sont violées au quotidien. Et ce, non seulement par les gouvernés, mais et surtout par les gouvernants. La raison fondamentale de cette violation de la constitution, s’expliquent par le fait qu’une grande partie des députés guinéens ne la lisent pas, par conséquent, ils ignorent carrément cette constitution de la République. De l’autre côté l’Etat est le principal violateur de cette loi de l’avis de M. Mohamed Aly Thiam, président de l’association des magistrats de Guinée.
Est-il important de rappeler que, tout le monde est censé connaitre la loi de la République, mais ceux qui sont plus censés de la connaitre et de l’appliquer à la lettre ce sont les gouvernants, notamment les députés qui l’ont voté. Malheureusement, la grosse surprise et générale c’est qu’il y’ en a qui ne la lisent même pas nous révèle ce grand magistrat.
« Les raisons pour lesquelles on viole la loi en Guinée, c’est parce que l’Etat est le principal violateur de ces propres lois. Je m’excuse de le dire ici encore une fois. J’ai participé à un séminaire de formation pour les députés, le constat que j’ai fait c’est que leur propre outil de travail qui est la constitution, ils ne la connaissent pas. Il y en a qui ne l’ont jamais lue. Et je vous dis même au niveau gouvernemental, vous avez des gens qui n’ont jamais lu la constitution. Ils ne l’ont jamais lue,» nous a révélé M. Thiam.
Pourtant, enchaine-t-il ce sont eux qui sont prompts à la critique. C’est pourquoi, plus loin il demande à tout le monde de lire la loi de la République.
« Mais si vous leur demandez ils sont très prompts à la critique. Sans savoir ce qu’ils ont en train de critiquer. Ce que je demande toujours aux gens, commencez par lire la loi. N’entendez pas dire qu’une loi existe et vous vous mettez à dire c’est tel qui l’a rédigée, elle doit être mal faite. Ou parce qu’on n’a pas fait venir un expert de l’extérieur, elle est mal faite…. »
Mais, à l’en croire, malgré qu’on doive connaitre la loi, il atteste que personne ne peut connaitre tous les contenus de cette loi. Pour lui, même un magistrat qui participe à la rédaction de cette loi ne connait pas forcément tout. Seulement, on doit connaitre son existence et ignorer peut être les détails.
« Quand on dit nul n’est censé ignorer la loi, ce n’est pas forcément tout le contenu de la loi. Moi magistrat si vous me demandez, j’ai participé à la rédaction de la loi, mais si je n’ai écrit vous me demandez d’affecter les normes aux numéros des articles quelques fois je vais me tromper. Mais cela ne veut pas dire que je ne sais pas que la constitution existe. Ce qu’on veut dire nul n’est censé ignorer la loi, c’est que vous savez la constitution existe. Les détails de la constitution certainement que vous ne savez pas. Vous savez qu’il y a une loi qui interdit le vol, vous savez qu’il y a une loi qui interdit la polygamie….. »
Pour finir, il dénonce la démission de l’Etat par rapport à la vulgarisation et à l’application des lois de la République. Une obligation de l’Etat qu’il refuse de s’acquitter.
« Malheureusement, il y a une insuffisance, et cette insuffisance est imputable à l’Etat, il appartient à l’Etat de publier, pas seulement de publier les lois mais de la portée à la con naissance du citoyen le plus élevé et à la mentalité la plus faible. Il y a une responsabilité fondamentale de l’Etat quant à la connaissance et à l’application des lois. Cette connaissance fondamentale là l’Etat ne s’acquitte pas de l’obligation qui y est attachée, » a dénoncé M. Mohamed Ali Thiam, magistrat guineèn.

Dinogassy Bah pour Journal de Guinée