Les cauris, ce quotidien de certains fonctionnaires guinéens !

Le domicile des prévoyants, constitue à Conakry, pôle d’attraction pour beaucoup de femmes. Elles sont nombreuses à prendre l’habitude de rechercher la solution de leurs problèmes dans les voyances. Problème : cette quête de réponses suscite souvent des réactions dommageables dans leurs relations quotidiennes.
L’histoire de Khady Gnèly
Assise dans un kiosque, sur une natte avec un tat de Cauris, Khady Gnèly est très réputée à Conakry. Elle pratique l’art divinatoire avec les cauris en observant leur position relative dans l’espace où ils sont jetés ainsi que leur position les uns par rapport aux autres. Elle nous explique comment elle s’est retrouvée dans ce métier : « Je suis parti une fois chez ma copine M’Mah à Kolissoko, une région de la basse côte. Nous sommes partis dans la brousse. C’est que j’ai trouvé un état de Cauris. Mais je n’ai pas eu le courage de les ramasser. Une deuxième fois encore, j’ai résisté à la tentation. Une nuit j’étais en en plein sommeil, je les ai vus encore. Et une voix me disait que ces cauris m’appartenaient. C’est ainsi que j’ai eu le courage d’aller les prendre dans la brousse. Donc, moi j’ai n’est pas acheté pour moi au marché, c’est Dieu qui me les a donnés. »
Agée d’une trentaine d’année, Khady Gnély reçoit régulièrement des fonctionnaires, parfois des hautes personnalités de l’administration guinéenne.
Au moins 100 personnes tapent à sa porte par jour. Et la geinte féminine est la plus dominante. Ces clients viennent de tous les horizons de la capitale. Sa prestation coûte 10.000 Fg. « Chacun vient avec son problème : souci de mariage, de voyage, de travail, de concession, de voisinage etc.. Et je leur dis ce que les cauris me transmettent », explique-t-elle.
Interroger, beaucoup de ses clients se disent satisfaits de sa prestation. « Nous avons l’habitude de venir ici. Je peux vous affirmer que tout ce qu’elle nous dit se réalise. C’est pourquoi, quand on a un problème, ou on remarque certaines chose à notre niveau sans savoir pourquoi, on est obligé de venir la voir pour nous situer. Et s’il y a lieu de faire un sacrifice, on le fait », reconnait une des clientes de Khady qui travaille au ministère de la communication. Celle-ci compte réaliser un projet, mais pour y parvenir, elle dit venir consulter d’abord Khady Gnély, histoire de chercher des sacrifices.

A quelque mètre du domicile de la prévoyante, un monsieur rencontré dit ne pas croire aux prédications de cette dame. « Je ne vais jamais mettre pied là-bas, parce que je ne crois pas en elle. Ce sont des perdants, des personnes sans foi qui vont là-bas », fustige Mohamed Camara
De plus en plus de joueuses de cauris à Conakry !
Les services offerts par des gens qui se disent possédées par des esprits consacrent une place importante dans la vie des dames de Conakry. Beaucoup d’entre elle calquent leurs allures, conduites et jugements sur ce que ces diseurs de bonnes aventures leurs content.
En effet, il est courant de voir les femmes se regrouper autour d’une prévoyante. Peu importe de savoir si cette dernière a ou non de vrais dons de voyance. Mais, il suffit de temps-à-autre à cette personne d’adopter une attitude qui sort de l’ordinaire pour s’ériger en personne dotée de pouvoirs mystiques. Beaucoup de femmes se baladent avec des cauris dans leurs sacs et une fois qu’elles se retrouvent avec leurs collègues, elles commencent à prétendre prédire l’avenir.
Des problèmes par la suite…
Le constat de la grande partie de ces prédications, selon les témoins se résume à des mises en garde contre des personnes de l’entourage de l’intéressée. Les supposées voyantes ont la fâcheuse habitude de dénoncer l’existence d’ennemis parmi les proches de ceux ou celles qui les consultent. Chose qui provoque beaucoup de mésententes dans les familles. Ainsi dans bon nombre de foyers, les relations entre belles- sœurs, belle- mère et belle -fille sont houleuses à cause des dires des prédicateurs. Ou, pire dans les foyers polygames, les coépouses se méprisent mutuellement d’une haine nourrie par des escrocs qui se font la bourse sur leurs dos. Le danger des paroles de ces sibylles de bonnes aventures est que nombre de personnes se laissent influencer par ces racontars et suivant la description que l’on leur aurait faite, elles enclenchent une guerre contre celle qui répondrait à la description du charlatan. Cette personne serait donc la personne désignée comme étant la source des problèmes de la cliente. Cette pratique conduit également à la destruction des couples. Afin d’arnaquer les femmes beaucoup de pseudo grandes voyantes prédisent à leurs clientes la venue éminente d’une coépouse dans leur ménage. L’infidélité du conjoint ainsi découverte par l’épouse conduit cette dernière à rendre une vie impossible à son mari. Elle devient agressive et détruit son couple avec des scènes violente et des sorties d’argent qui alimentent la poche du voyant. Dommage !
IKD pour Journal de Guinée
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