Le binôme Hollande-Valls, principal artisan de la défaite de la gauche, selon la presse française

Le binôme Hollande-Valls, principal artisan de la défaite de la gauche, selon la presse française

Le Monde.fr avec AFP

Au lendemain du second tour des élections départementales, marquées par la large victoire de l’Union pour un mouvement populmaire (UMP) et de ses alliés, les quotidiens français analysent, lundi 30 mars, les raisons de la défaite de la gauche. A leurs yeux, ce revers est essentiellement à imputer au binôme Hollande-Valls. La droite contrôle désormais deux départements sur trois, face à une majorité qui a enregistré un quatrième revers d’ampleur en un an et un Front national en progression, mais qui n’a finalement remporté aucun exécutif.

Lire aussi le compte rendu : Ce que l’on peut déjà retenir du second tour des élections départementales

« Droite : la reconquête », titre en « une » Le Figaro. Le quotidien cible particulièrement le premier ministre, Manuel Valls, et la stratégie adoptée par ce dernier après les très bons scores du Front national (FN) au premier tour. « Avant, il avait dit son “angoisse” de voir la France se “fracasser” contre le Front national ; hier [dimanche], c’est son parti qui s’est fracassé dans les urnes. Il a fait le choix délibéré – et contesté jusque dans son propre camp – d’ériger le Front national en épicentre de la campagne ; c’est un double échec. Il n’a pas endigué la progression du parti de Marine Le Pen, qui s’enracine à un niveau jamais vu. Il n’a pas davantage ressuscité son camp, qui s’effondre sous les coups de l’alliance UMP-UDI », estime ainsi Alexis Brézet, directeur des rédactions.

« Le chef de l’Etat, son premier ministre, ses grands féodaux, ses zones d’influence et son parti : c’est donc toute la cascade, toute l’architecture du pouvoir qui a été frappée par cette défaite électorale », ajoute Nicolas Beytout dans L’Opinion. Il revient sur l’incapacité de la formation de Marine Le Pen à « concrétiser au deuxième tour ses incontestables succès du premier ». A ses yeux, l’UMP et ses alliés, véritables vainqueurs du scrutin, doivent désormais miser sur « l’union ».

« La désunion qui déchire la gauche »

Alors que Les Echos se demandent « comment François Hollande prépare l’après-défaite », L’Humanité insiste, de son côté, sur « l’urgence d’un nouveau cap » au risque d’assister encore et encore à une montée du FN. « Le premier ministre peut toujours regretter la dispersion de la gauche… il en est un des plus grands communs diviseurs », affirme Patrick Apel-Muller, directeur de la rédaction, l’accusant de « précipiter le pays dans un cul-de-sac périlleux ».

Libération aussi fustige l’attitude du chef du gouvernement, « battu, mais content ». Pour Laurent Joffrin, directeur de la rédaction, la large victoire de la droite et « l’implantation désormais locale du Front national » tiennent « à l’impopularité du gouvernement et à la désunion qui déchire la gauche ». Et de poursuivre en affirmant que, « même si elle a été moins cuisante que prévu », la défaite de la majorité « doit faire réfléchir ».

Pour Le Parisien-Aujourd’hui en France, c’est une « gifle » qu’a reçue des urnes l’exécutif : « Le gouvernement est dans l’impasse, condamné à poursuivre, en attendant on ne sait quel miracle, une politique que les Français viennent de sanctionner. »

« François Hollande boit le calice jusqu’à la lie »

« Les responsables de cette débâcle sont le tandem Hollande-Valls », assène pour sa part Sébastien Lacroix, dans L’Union. « Le président, parce qu’il a trompé son électorat et une partie de ses troupes (…), le premier ministre, car il s’est trop investi dans la campagne en désignant le FN comme le principal danger. » Pour Jean-Louis Hervois, de La Charente libre, « on a jamais beaucoup d’amis dans la défaite. [Le chef du gouvernement] y trouvera beaucoup d’ennemis, surtout chez lui ».
« Battu jusque dans son fief de Tulle, François Hollande boit le calice jusqu’à la lie et son supplice risque de durer jusqu’en 2017 », estime Raymond Couraud dans L’Alsace, pour qui Manuel Valls est « de plus en plus condamné à porter et la croix et le crucifié élyséen ». Dans les colonnes de L’Est républicain, Alain Dusart se montre particulièrement sévère avec le président. « En un demi-quinquennat, [il] a plus perdu de départements que François Mitterrand au terme de deux septennats ! », fait-il valoir.

Et Hervé Favre dans La Voix du Nord de constater que « jusqu’à hier soir le couple Hollande-Valls pouvait s’accrocher à sa ligne de défense : on ne change pas une politique qui finira par porter ses fruits ». Avant de poser cette question essentielle : « Peut-on ne pas changer une politique qui perd les élections les unes après les autres ? »

le Monde.fr