Guinée : La jeunesse ne doit pas se tromper de combat, l’urgence en Guinée est politique ! (Par Ibrahim Kalil Diallo)
La mission qui échoit à la jeunesse est celle d’une participation citoyenne qui dépasse le seul cadre de la contestation ou de la sublimation du moi sur les réseaux sociaux. Les outils que notre époque met à notre disposition sont à utiliser pour provoquer un changement en profondeur du vécu de millions de personnes souvent opprimées ou en situation d’extrême précarité.
Bref, le numérique doit servir à changer la vie en Guinée et en Afrique.
Le discours actuel sur l’entreprenariat comme la solution miracle aux problèmes divers du continent africain a ceci de gênant qu’il est foncièrement naïf, faux et redondant.
C’est la nouvelle trouvaille d’un système néolibéral qui, à chaque époque, pour asseoir encore son emprise sur les sociétés, trouve de nouveaux instruments d’égaiement des peuples.
Les théoriciens qui veulent pousser les jeunes à être des milliardaires en leur faisant miroiter les réussites de la Silicon Valley sans tenir compte des différences de contexte et de réalité sont les mêmes qui les éloignent de la politique, jugée comme une vile activité.
Il y a des entrepreneurs qui méritent le respect par la force de leur travail, leur volonté de faire bouger les lignes dans leur pays et leur prise en compte de l’éthique et de la responsabilité. Mais le débat sur l’entreprenariat est pris en otage souvent par ceux que j’appelle les « narrateurs de l’entreprenariat ».
Ils se réunissent dans des manifestations financées par des multinationales souvent pas très regardantes envers le fisc, reçoivent des prix pour des idées innovantes mais qui ne verront jamais un début d’exécution, se congratulent sur les réseaux sociaux et attendent le jackpot.
Leur discours mielleux est à l’image de leur contribution à la marche de notre société : un vide sidéral.
Unis et organisés les jeunes peuvent changer le cours de l’histoire politique en Guinée !
S’il y a une chose que nul ne peut contester en Guinée, c’est le peu de considération des gouvernants et des leaders politiques pour la jeunesse qui est sans cesse utilisée dans tous les combats, à qui l’on fait de nombreuses promesses mais qui est toujours oubliée au moment de tenir parole.
En effet, ce sont les jeunes qui sont sollicités pour faire campagne. Ce sont eux qui sont parfois et malheureusement utilisés pour prendre les armes. Ce fut le cas au Liberia, en Sierra Leone, en RDC, au Rwanda, en Côte d’Ivoire, au Mali, …Et maintenant en Centrafrique.
Si ce n’est pas l’argent qui leur est promis, ce sont des milliers, voire des millions d’emplois qu’on leur fait miroiter. Ce qui n’est évidemment jamais fait.
Ce qui me parait révoltant, c’est qu’une fois au pouvoir ceux qui n’ont eu leur salut que grâce à la jeunesse font croire à la même jeunesse qu’il est dangereux de faire la politique.
Pourtant ils sont dans les bureaux climatisés et perçoivent de gros salaires grâce à la politique. Mais il faut les comprendre !
Ces hommes et ces femmes qui nous ont toujours gouvernés ont leurs propres jeunesses qu’ils préparent pour leur succession. C’est cette jeunesse-là qui profite des emplois qui sont créés et auxquels les autres jeunes, bien qu’ayant lutté pour la conquête du pouvoir, n’auront jamais accès.
C’est pour cela que la jeunesse guinéenne ne doit pas se laisser intimider par ceux qui font croire qu’il n’est pas bon de faire la politique. Les jeunes guinéens doivent donc se lancer en politique !
Bien entendu, il ne s’agit pas d’organiser des rebellions ou des coups d’état. Il s’agit de créer des Mouvements politiques pour aller à la conquête démocratique du pouvoir dans notre pays.
Dans cet élan, certains parviendront, s’ils sont solidaires à battre démocratiquement les adeptes des promesses jamais tenues. Et s’il advenait que d’autres échouent, il faudra se réorganiser pour les futures échéances.
Dans tous les cas, par l’engagement des jeunes à faire la politique, ceux qui gouvernent actuellement la Guinée et qui ne se soucient pas de l’avenir de la jeunesse, comprendront que ces derniers peuvent mettre fin à leur hégémonie.
Il ne faut pas perdre de vue que la jeunesse est l’avenir dans tous les pays et qu’en Guinée la population est aujourd’hui en majorité composée de jeunes.
C’est dire donc qu’unis et organisés les jeunes peuvent changer le cours de l’histoire politique en Guinée.
Ibrahim Kalil Diallo Journaliste à Journal Guinée
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