Elections à suspens au Royaume-Uni
Le suspens est toujours entier à une semaine des élections législatives au Royaume-Uni, et au terme d’une campagne peu excitante. Aucune des deux grandes formations qui dominent la vie politique britannique ne devrait décrocher la majorité absolue à la Chambre des communes.
Ce jeudi 30 avril, il n’y aura pas de face-à-face entre les deux principaux chefs de parti mais un débat entre David Cameron, Ed Miliband et Nick Clegg, le chef des libéraux démocrates. Le Premier ministre conservateur David Cameron n’a pas voulu affronter Ed Miliband, le chef du parti travailliste en tête-à-tête. Les autres candidats s’affronteront à leur tour, un peu plus tard dans la soirée.
Quand un sondage donne le parti conservateur en tête, un autre le contredit aussitôt. Depuis des mois, les deux grands partis stagnent entre 32 et 35 % d’intentions de vote. Une élection à suspens qui passionne les spécialistes comme Philippe Marlière, professeur de sciences politiques à l’University College de Londres : « En Grande Bretagne, il y a traditionnellement deux grands partis suivis des libéraux démocrates [et] qui sont en chute libre. Donc pour compenser l’érosion des grands partis, on assiste à la montée de nouveaux. Il y a les Verts qui se portent bien ou le parti nationaliste gallois. Et ce qui fera surtout sensation, ce sera la victoire écrasante du parti indépendantiste écossais. Le dernier sondage prédisait que sur 59 sièges à pourvoir en Ecosse, le SNP en remporterait 57, ce qui est extraordinaire parce qu’actuellement il n’en a que 6. »
La peur d’une forte abstention
Les électeurs, eux, semblent avoir du mal à s’intéresser à ces élections, ce qui fait craindre généralement un fort taux d’abstention. Déjà lors des précédentes élections, la participation avait été faible et les conservateurs n’avaient pas obtenu la majorité absolue. Ils ont dû gouverner ces cinq dernières années en coalition avec les libéraux démocrates. Comment expliquer cette désaffection des électeurs ? Seanan, libraire dans une des rares librairies politiques du centre de Londres pense que les gens ne se sentent plus représentés par les grands partis politiques traditionnels : « C’est ennuyeux parce qu’ils disent tous la même chose. Et pas parce que les gens ne sont pas intéressés. Les politiciens n’ont rien à dire. Ils ne savent pas comment la plupart des gens vivent, ils ne savent pas ce que c’est de chercher un logement à Londres, d’essayer de survivre à Londres, d’essayer de survivre dans le pays. Donc ils n’ont rien à me dire. Mais cela ne veut pas dire que je ne suis pas intéressé. »
Un résultat incertain
Un manque d’intérêt qui explique le peu de dynamisme de la campagne. « Les conservateurs avaient trois millions de militants il y a trente ans, les travaillistes avaient des millions de militants. C’est fini. Ils ont désormais beaucoup moins de gens pour toquer aux portes, pour distribuer des tracts. C’est un processus qui s’est accéléré avec la crise mais on assiste au lent déclin du bipartisme depuis près de trente ans. Cette fois-ci vous ne pouvez même pas savoir qui va gagner, vous ne pouvez pas dire que les conservateurs vont gagner, que les travaillistes vont gagner, les libéraux démocrates peuvent être écrasés, il y a de nouveaux partis qui entrent en scène. Qui sait ce qui va se passer ? », décrypte Seanan.
Mais pour Philippe Marlière, ce suspens devrait doper le taux de participation. « On verra bien quel est le taux de participation mais je crois que c’est une élection qui devrait mobiliser davantage que les précédentes parce que le résultat est incertain ». Les électeurs britanniques ont déjà commencé à voter par correspondance, les élections se tiendront le 7 mai au Royaume-Uni.
RFI