François Hollande a fait le plein de contrats en Angola. Plusieurs millions d’euros de contrats et de lettres d’engagement ont été signés à Luanda par des entreprises françaises en marge du déplacement présidentiel. Le chef de l’Etat français doit ensuite se rendre au Cameroun, vendredi soir, où il sera question de sécurité.
Avec notre envoyé spécial à Luanda, Christophe Boisbouvier
Un contrat de 200 millions de dollars pour le groupe de BTP Eiffage, qui a obtenu le marché de la construction d’une centaine de passerelles pour piétons. Un autre de 60 millions, signé par Météo France pour un accord de modernisation qui doit se déployer sur sept ans. Deux nouveaux contrats d’exploration pétrolière signés avec la société pétrolière angolaise publique Sonangol par Total - déjà leader du secteur pétrolier en Angola -, dont les montants n’ont pas été dévoilés. Des accords de gestion de pas moins de 50 hôtels pour le groupe Accor… Les entreprises françaises ont engrangé les signatures, ce vendredi, lors du déplacement de François Hollande.
Une économie angolaise en quête de diversification
Deuxième étape de la mini-tournée africaine de François Hollande, après le Bénin la veille et le Cameroun ce vendredi soir, l’étape angolaise était placée d’emblée sous les auspices économiques. L’économie angolaise, qui affiche un taux de croissance moyen de 6 % au cours des cinq dernières années, est cependant ralentie par la chute des prix du pétrole. « Nous voulons être là justement dans cette période, au moment où c’est difficile, car la France a confiance dans l’avenir économique de l’Angola », a assuré François Hollande. Lors d’une conférence de presse commune avec son homologue angolais José Eduardo Dos Santos, les deux chefs d’Etat ont salué le développement des relations économiques entre les deux pays, François Hollande insistant sur ce que les entreprises françaises peuvent apporter à la diversification de l’économie angolaise, qui veut sortir du tout-pétrole.
Nouveauté dans les relations entre les deux pays : la signature d’une lettre d’intention pour une coopération militaire portant notamment sur la protection des plateformes pétrolières off-shore contre la piraterie. Une nouveauté d’autant plus remarquable lorsque l’on se souvient du niveau où étaient tombées les relations diplomatiques entre la France et l’Angola suite au scandale de l’« Angolagate ».
Les questions de démocratie sur le continent africain ont également été abordées par François Hollande, comme la veille, au Bénin. Le président français a évoqué le cas du Burundi, qui le préoccupe, mais aussi les situations d’autres pays de la région : le Congo-Brazzaville et le Congo-Kinshasa.
Au Cameroun : passage sensible
François Hollande doit ensuite se rendre au Cameroun. L’étape la plus courte de cette tournée africaine, mais aussi la plus sensible sous la présidence de Nicolas Sarkozy : les relations entre l’ex-président français et Paul Biya étaient très mauvaises. Aujourd’hui, les choses vont un peu mieux.
Mais Paul Biya, au pouvoir depuis 32 ans au Cameroun, n’est pas vraiment raccord avec le discours démocratique développé par François Hollande. Le président français pourrait notamment plaider en faveur de la libération de Lidyenne Yen Eyoum, avocate franco-camerounaise emprisonnée depuis quatre et demi.
Les relations franco-camerounaises sont enfin marquées par un tabou. La France a en effet mené une guerre au Cameroun contre l’Union des populations du Cameroun (UPC). Un conflit armé qui a duré de 1955 à 1971 et a fait des dizaines de milliers de morts. François Hollande évoquera-t-il le sujet ce vendredi soir ? Si c’est le cas, il serait le premier président français à le faire.
Manuel Domergue, co-auteur de Karmerun ! - Une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971, aux éditions La Découverte, appelle François Hollande à se prononcer :
« Notre livre a eu accès à quantité d’archives, notamment françaises, qui démontrent qu’il y a eu une guerre menée par la France au Cameroun. Ce n’est pas forcément nous qui le disons, c’est également les militaires français, eux-mêmes, dans les archives secrètes, qui parlent d’une guerre, qui donnent des bilans. »
«La France au moins devrait le reconnaître, et pourrait également aider financièrement des étudiants, des historiens camerounais, français ou d’ailleurs, à renseigner davantage cette guerre. La France devrait ouvrir ces archives à tout le monde, il n’y a aucune raison de continuer à faire silence sur cet épisode. »
Par RFI