Géopolitique internationale : Que cache la visite du Roi Salman en Russie ?
Annoncée depuis longtemps, le Roi d’Arabie Saoudite est arrivée à Moscou ce mercredi 4 Octobre 2017 pour une visite d’Etat de trois (3) jours auprès de son homologue Russe, Vladimir Poutine. En effet, c’est à la tête d’une forte délégation composée de 1000 personnes, que le roi Salman ben AbdelazizAl Saoud a été accueilli à l’aéroport gouvernemental de Vnoukovo-2. Dès sa descente d’avion, le serviteur de deux saintes mosquées a été accueilli par deux hautes personnalités Russes, en l’occurrence le vice-ministre des affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov chargé des relations avec le Moyen orient et le vice premier ministre, Dmitri Rogozine chargé de la défense.
Ainsi, comme l’on remarque déjà, cette visite restera longtemps dans les annales de l’histoire, car elle est la première pour un Roi Saoudien dans ce grand pays du monde, acteur clé de la guerre froide.
Mais en plus de sa dimension historique, elle intervient dans un contexte géopolitique marqué non seulement par des conflits armés de plus en plus récurrents au Moyen orient, mais également par des tensions diplomatiques assez fortes entre les grandes puissances internationales.
Comme pour dire que sa dimension géopolitique n’est pas à minimiser, vu les grands dossiers internationaux qui retiennent largement l’attention de la diplomatie mondiale. Mais cependant, en se référant à la position de chaque pays vis à vis de ces dossiers, l’on pourrait comprendre qu’un rapprochement entre Moscou et Riyad est moins probable pour l’instant.
Même si cette éventualité n’est pas aussi à exclure totalement, car tout peut basculer en fonction des intérêts qui se présentent. Toujours est-il que, selon des sources citées par l’agence d’information Russe « Sputnik », les entretiens entre les deux chefs d’Etat porteront dans un premier temps sur la situation au Moyen orient. Avant de revenir sur les questions d’armements suivies par la crise dans le secteur pétrolier.
DE LA GUERRE EN SYRIE !
Un dossier important, qui, depuis 2011 fait l’objet d’une divergence profonde entre Moscou et Riyad. Toute chose qui s’explique par la divergence de leurs intérêts, vis à vis des protagonistes de cette crise. Si le Royaume Saoudien et ses alliés du golfe ont œuvré pour un changement de régime en Syrie tout en soutenant la rébellion armée, tel n’a pas été le cas du coté de Moscou.
Vladimir Poutine a apporté un appui militaire sans faille au régime de Bachar El-Assad. Ce qui est largement visible sur le terrain, d’autant plus que l’armée du régime Syrien a presque fini de reconquérir les villes, qui étaient passées à un moment donné sous contrôle de la rébellion.
Ainsi, ce bouleversement qui a marqué le conflit depuis le début de l’intervention militaire Russe, annonce sans doute la défaite de la rébellion. Toute chose que Riyad et ses alliés semblent bien prendre au sérieux, dans la mesure où Bachar El-Assad se retrouve maintenant en position de force, car entièrement remis en chaine grâce à son allié Russe.
C’est pourquoi certains n’excluent pas qu’un accord de cesser le feu définitif sur le terrain soit obtenu entre Moscou et Riyad et la mise en place des zones de désescalade, comme l’avait suggéré déjà Vladimir Poutine. Cette éventualité moins probable pour l’instant pourrait aussi marquer un pas décisif pour la fin de cette guerre, qui tend même à devenir la plus sanglante du 21e siècle.
Mais de toutes façons, les oreilles des observateurs restent suspendues aux résultats des entretiens entre les deux chefs d’Etat.
DES RELATIONS AVEC L’IRAN !
Grand rivale de l’Arabie Saoudite dans la région, les relations Russo Iraniennes ont toujours étaient fustigées par Riyad. Mais toutefois, même si un rapprochement entre Riyad et Téhéran semble être impossible avec cette allure, il n’est pas tout de même exclu que Moscou parvienne à apaiser les tensions diplomatiques entre les deux puissances régionales.
Ces tensions devenues très récurrentes ces derniers temps, ont pris une allure régionale, allant jusqu’à l’isolement du Qatar à cause de ses liens avec l’Iran. Comme pour dire que les discussions sur ce point s’annoncent de plus en plus tendues entre le roi Salman et Vladimir Poutine, car il ne sera pas facile de rapprocher deux pays aux intérêts parallèles.
DE L’ACCORD AVEC L’OPEP !
Signé en 2016 entre la Russie et les 15 pays membres de l’OPEP, cet accord majeur a permis aux pays exportateurs de pétrole de limiter leur production. Et ce, pour pallier la chute des prix de l’or noir sur le marché mondial, car leurs économiques respectives dépendent largement du revenu des exportations pétrolières.
Ainsi, vu le coup dur que ces pays ont traversé pendant ces deux dernières années, tout porte à croire que cet accord est bien parti pour être prolongé au-delà de 2018. D’autant plus qu’aucun signe de divergence sur ce point n’est encore visible entre les deux pays.
DES CONTRATS D’ARMEMENTS !
Un point stratégique, qui pourra bien évidement faire basculer la géopolitique internationale. D’autant plus que certains médias Russes révèlent qu’un gros contrat d’armement à hauteur de 20 milliards de dollars pourrait être signé entre Riyad et Moscou.
Il portera essentiellement sur la livraison des systèmes de missiles sol air Russes S400 aux forces armées du Royaume, pour renforcer la sécurité aérienne de son territoire face aux menaces régionales.
Mais cependant, la signature éventuelle d’un tel contrat pourrait bien frustrer Washington, car cela serait vu de ce côté comme un début de rapprochement entre son allié Saoudien et son adversaire Russe.
Par ailleurs, il faut préciser que ces missiles S400 sont des systèmes de défense anti aérienne très sophistiqués, dont la Chine est le seul pays pour l’instant à en avoir acquis. Mais d’autres comme la Turquie ou encore l’Iran ont passé d’importants contrats avec Moscou, pour l’acquisition de ces systèmes.
Mamadou Moussa Diallo pour Journal Guinée
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