Défense : La tension entre la Turquie et l’Otan prend une autre tournure !

Les derniers revirements de la Turquie face à ses alliés occidentaux continuent d’alimenter la tension au sein de l’Otan. En effet, très déçu de l’attitude de ses alliés vis à vis de son pays, le président Turc Recep Tayyip Erdogan a, contre toute attente décidé ce vendredi 17 Novembre 2017 de retirer ses militaires qui participaient à une manœuvre de l’Otan en Norvège. Une décision intervenue suite à la publication des photos des ennemis de l’alliance Atlantique, sur lesquelles l’on retrouve Recep Tayyip Erdogan. C’est ainsi, très surpris de la décision du numéro un Turc, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg a vite présenté ses excuses à Ankara pour enfin calmer le jeu.

 

Mais toutefois, ces excuses ne semblent pas tomber dans des bonnes oreilles, d’autant plus que Recep Tayyip Erdogan a laissé entendre que son pays ne reviendra pas sur cette décision, qui semble être une réponse radicale contre ses adversaires au sein de l’alliance. Toute chose qui ressemble à un scenario de divorce entre la Turquie et l’Otan, une organisation où le pays de Recep Tayyip Erdogan est membre depuis 1952.

LES RAISONS DE TELLES BISBILLES !

Loin d’être un fait du hasard, les tensions entre Ankara et l’Otan sont subordonnées à un certain nombre de facteurs. Tout d’abord la purge survenue dans ce pays, après le coup d’Etat raté de Juillet 2015 a fortement dégradé les relations entre le régime d’Erdogan et certains de ses alliés occidentaux.

De Washington à Berlin, en passant par Amsterdam, l’on reprochait à Erdogan de violer les droits de l’homme dans son pays. Plus de loin, les autorités Allemandes et Hollandaises ont même refusé à certains ministres Turcs d’atterrir sur leurs territoires respectifs, pendant que ces derniers s’apprêtaient à y battre campagne pour le parti au pouvoir Turc, en prélude au referendum qui pointait à l’horizon.

Une attitude qui a irrité la colère d’Erdogan, car qualifiant cela de provocation grave pouvant remettre en cause la nature de leurs relations. Toujours est-il que, l’autre point majeur qui a enflammé la situation entre les deux parties, s’explique par le rapprochement de ces derniers temps entre la Turquie et la Russie.

L’on se rappelle de ces visites récurrentes du président Erdogan à Moscou, auprès de son homologue Russe Vladmir Poutine. Un rapprochement jugé dangereux par l’Otan, d’autant plus la Russie reste et demeure le plus grand adversaire militaire de l’alliance Atlantique dans le monde. Mais cependant, ces critiques et ces craintes émises par l’Otan n’ont rien influencé dans la ligne de conduite d’Erdogan, d’autant plus que Moscou et Ankara ont largement accéléré leur politique de rapprochement.

Tant sur le dossier Syrien, que sur la coopération en matière de défense militaire et commerciale. Ainsi, sur la crise Syrienne tout d’abord, l’on a constaté une coordination d’actions sur le terrain entre l’armée Turque et les forces Russes, mais également avec l’Iran dans une moindre mesure.

Toute chose qui a remis largement le régime de Bachar El-Assad en chaine, malgré qu’il soit contesté à un moment donné par l’ensemble des pays de l’Otan, y compris par la Turquie. En outre, le point fondamental qui semble accélérer le divorce entre Ankara et l’Otan, reste pour l’instant celui sur le contrat passé avec Moscou portant sur l’achat par la Turquie des systèmes sol air S-400 Russes.

L’annonce de ce gros contrat entre les deux pays, a été perçue du côté de l’Otan comme un froid dans le dos, car cela semble vouloir dire que la Turquie est en train de basculer du côté de l’Est, où elle sera avec la Russie et la Chine dans une moindre mesure.

Comme pour dire que l’alliance Atlantique a de quoi à s’inquiéter, d’autant plus que cette attitude de la Turquie permettra éventuellement à la Russie d’étendre son influence militaire au Moyen Orient.

Mais également aux portes de l’Europe, car la Turquie constitue une grande porte d’entrée en Europe, plus précisément dans les pays Balkaniques qui sont pour la plupart membres de l’Otan aux jours d’aujourd’hui.

D’où l’inquiétude grandissante de cette alliance, qui, selon beaucoup d’observateurs n’existent que grâce aux Etats unis, et de la France et de l’Angleterre dans une moindre mesure.

LES CONSÉQUENCES D’UN RETRAIT ÉVENTUEL DE LA TURQUIE !

Lourdes sur le plan militaire, d’autant plus que l’Otan qui se retrouverait en position de faiblesse face à son adversaire direct, qui est la Russie n’hésitera pas de tenter une déstabilisation de la Turquie.

Celle-ci qui pourrait être occasionnée à la fois par des facteurs endogènes et exogènes, transformerait le pays en un véritable champ de bataille entre la Russie et l’Otan, comme ça fut le cas actuellement en Syrie voisine.

Toujours est-il que, pour aboutir à une telle éventualité, les Kurdes de la région pourraient être mis en contribution, car ces derniers sont considérés comme le plus grand ennemi commun pour la Turquie.

Même son de cloche chez certains pays voisins, tels que l’Irak, l’Iran ou encore la Syrie où vivent d’importantes communautés Kurdes, qui veulent d’ailleurs avoir leur Etat indépendant.

Une situation qui constitue aujourd’hui un véritable bras de fer entre Ankara et l’occident. Car beaucoup de pays Européens ont apporté leur soutien militaire et financier aux combattants Kurdes après l’incursion de Deash dans leurs zones, en Irak et en Syrie.

Cette attitude des Occidentaux a été perçue du côté d’Ankara comme une manœuvre visant à déstabiliser le pays. Par ailleurs, l’autre stratégie qui pourrait être employée contre le régime d’Erdogan, serait sans doute la manipulation de ses adversaires à l’interne.

Et ce, sous le nom de la liberté et du respect des droits de l’homme dans le pays, une stratégie largement employée dans certains pays qui ne conjuguaient pas le même verbe avec l’Occident.

Comme pour dire que le président Erdogan doit s’attendre à beaucoup de risques, si toutefois il s’engage à retirer son pays de cette alliance militaire. Par ailleurs, même si ce scenario est loin pour l’instant, mais il n’est pas du tout à exclure dans les mois ou années à venir.

 

 

Mamadou Moussa Diallo pour Journal Guinée

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